Xebax Christy, Emma Tosini
Membres d’Alda
TRIBUNE LIBRE

Alda, au service des classes populaires

TRIBUNE LIBRE - L’association Alda, créée à l'automne dernier, présente ses ambitions de valorisation et d'aide aux personnes isolées et vulnérables, notamment avec l'édition d'un journal trimestriel.

L'association Alda tire 20 000 exemplaires de son journal gratuit à Bayonne. © Facebook Alda
L'association Alda tire 20 000 exemplaires de son journal gratuit à Bayonne. © Facebook Alda

Alda est née en octobre dernier. Nous voulons aller à contre-courant d’une certaine évolution de la société, qui fait de nous des personnes de plus en plus isolées et donc vulnérables.

Comment ? En s’organisant collectivement pour se faire entendre, pour faire marcher la solidarité, dans les faits et pas seulement dans les discours. C’est la manière la plus efficace pour faire face aux problèmes et difficultés et améliorer immédiatement notre quotidien. C’est aussi le moyen d’être pris davantage au sérieux, par l’administration, les HLM, les élus, les décideurs.

Trop souvent, banques, assurances, propriétaires et bien d’autres profitent des personnes isolées, vulnérables ou méconnaissant leurs droits. En s’organisant collectivement, on trouve des solutions que seul on n’imagine même pas. Et on est tout de suite plus écouté, voire craint et donc respecté, par les divers profiteurs du système actuel.

Depuis sa création le 10 octobre dernier, Alda n’a pas cessé de travailler, malgré le contexte sanitaire : enquêtes sur le terrain ; ouverture d’une permanence à la Zup, inaugurée en présence de 160 personnes ce samedi 29 mai ; journal Alda, distribué à 20 000 exemplaires. Ce trimestriel veut être le porte-voix des quartiers populaires de Bayonne et de leurs habitants.

Nos premières victoires

Depuis la sortie du numéro deux du journal, il ne s’est pas passé une semaine sans qu’une personne en difficulté nous contacte, et parfois plusieurs personnes par semaine. Les situations sont des plus diverses, mais chaque fois Alda prend le temps d’écouter les personnes, et cette écoute est déjà un premier réconfort pour beaucoup. Et l’intelligence collective, la plus grande capacité d’un réseau à trouver les solutions adaptées, le rapport de forces que permet le collectif, permettent déjà de résoudre un certain nombre de problèmes.

Alda a ainsi permis à une locataire de faire annuler une demande de saisie sur ses revenus pour des retards et impayés de loyers d’il y a dix ans, émanant d’un riche propriétaire, avide et peu scrupuleux.

Nous avons fait changer le contrat d’assurance d’un travailleur gagnant 1 290 euros et peu à l’aise avec tout ce qui est paperasse. Il s’était fait avoir par son assureur, payait 159 euros par mois pour assurer sa Peugeot 206 ayant dix ans, et ne pouvait pas résilier son assurance avant un an ! Nous lui avons fait immédiatement économiser 70 euros par mois, en utilisant un article précis du Code des assurances que nous avons déniché en discutant de cette situation entre membres d’Alda. L’intelligence collective, ça marche !

Alda a été appelé à la rescousse par une locataire menacée d’une procédure d’expulsion, car son propriétaire avait mis en vente son appartement. Les six mois de délais légaux dont elle disposait pour trouver un autre logement ne lui avaient pas permis de le faire. Propriétaire et agence immobilière ne voulaient donner aucun délai supplémentaire à cette dame et allaient ouvrir une procédure d’expulsion à son encontre. Dès qu’Alda a annoncé au propriétaire et à l’agence immobilière son intention d’appeler à des rassemblements publics devant chez eux pour dénoncer cette situation, le problème a été résolu. Nous avons négocié la suspension de la procédure d’expulsion le temps que la dame trouve un logement, ce qui est chose faite dorénavant.

Nous nous occupons également de personnes ne parvenant pas à obtenir la naturalisation malgré toute une vie passée ici, d’aide-soignante ou d’employé de la restauration se voyant refuser un logement social parce que leur salaire de 1 500 euros est considéré insuffisant, ou de retraitée vivant dans un appartement HLM insalubre. Et de bien d’autres cas, le bouche à oreille et la distribution du journal faisant que de plus en plus de personnes savent désormais qu’elles peuvent compter sur un nouveau mouvement solidaire et efficace, Alda, pour vraiment changer les choses.